L’évocation de la pratique sportive dans l’œuvre de Sem amène naturellement à faire référence au sport hippique : dès ses premiers albums, les chevaux sont présents. Leur représentation laisse parfois à désirer et Roubille devra l’aider à réaliser les grandes frises des Acacias et de Sem au Bois.
C’est bien sûr dans un cadre mondain que se situent ces compositions, mais la compétition y a aussi sa part, puisque les champs de course constituent le fond habituel de la représentation des membres de la gentry bordelaise ou du Jockey Club à Paris, témoignant d’ailleurs d’une excellente connaissance de l’organisation et des règles de ce sport, confirmé par l’identification des casaques et des meilleurs jockeys, comme Tod Sloane.

L'œuvre de Sem est bien plus large et traduit un éclectisme qui nous montre que le sport est parfois considéré comme un spectacle. C'était pour lui un domaine d’observation privilégié auquel il portait un intérêt véritable, que sa frêle silhouette ne laissait pas supposer. Il avait en effet la taille d'un jockey. Les photographies que l’on connaît, ainsi que les articles de presse, le montrent fréquentant avec assiduité les régates de Cowes, les tournois de tennis à Monte Carlo ou le golf de Chantaco à Saint Jean de Luz.
Ce goût pour l’observation des sports lui vient sans doute du fait que c’est un élément de la formation de l’élite de la société qu’il prend pour modèle et que le jeune dandy périgourdin se doit d’imiter.
L’attrait qu’exercent sur lui les arts de la scène, dont il est un spectateur assidu, que la grâce des jolies équilibristes ne laissent pas indifférent, participe à cet intérêt pour le sport.

C’est dans les œuvres de jeunesse que l’on trouve de très belles compositions manifestant son intérêt pour des sports aussi variés que l’escrime (dans une lithographie datée de Limoges-1893 ou dans un programme de la salle d’armes Kirchhoffer du 21 février 1891), mais aussi pour l’haltérophilie (Tourny-Printemps 1897) et surtout le tennis, avec une très belle planche représentant un double mixte au club bordelais de Primerose (Tourny-Printemps 1897) sans omettre la célèbre silhouette de Suzanne Lenglen (L’Illustration, 15 juillet 1922) et les dessins de nombreux grands joueurs : Decugis, Doherty, Wilding, Ritchie…

Son intérêt se manifeste tout au long de sa carrière, par une collaboration régulière à des journaux spécialisés tels La Vie au grand air, Les Sports modernes, Très Sport,
où il donne des compositions illustrant l’actualité, comme par exemple une série de boxeurs : Georges Carpentier, Jack Dempsey, Battling Siki…

Très sport

Rappelons à ce propos que le sport peut aussi être pour lui objet de parodie :
il n’hésite pas à représenter un combat de boxe dans lequel Georges Carpentier affronte Tristan Bernard, figuré en bouc !

Le sport est enfin associé à la publicité (série d’encarts pour Marsala Florio) et au tourisme, en particulier vers 1925 quand Sem contribue à la promotion de la ville de Cannes, par une superbe affiche représentant une jeune femme appuyée sur un club de golf avec pour fond la Méditerranée, ou en vantant le polo dans un livret publicitaire, ainsi que le ski nautique pour une affiche consacrée à Monte Carlo. Il ne peut pas non plus être omis de signaler le projet d’affiche consacré, vers 1912, à l’inauguration de la station de Super Bagnéres, où la place centrale revient à Georges Clémenceau représenté en plein vol dans un saut à ski, avec pour haie d’honneur de chaque coté de la piste le gotha parisien des arts et des spectacles, synthétisant ainsi les principales composantes de l’œuvre de Sem.

Xavier Chiron
Carpentier-Bernard
altères
fsm  Conception François San Millan et Martin Gouyou-Beauchamps
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