Quand Sem devient parisien à 37 ans,
le monde des courses lui donne un passeport pour la vie mondaine. C'est avec Le turf qu'arrive la consécration dès 1900. Par la suite quatorze albums sortiront des carnets de Sem, au rythme d'un par an.
Le cheval y sera largement représenté. L'univers des chevaux et des écuries lui est familier depuis toujours.
Pendant ses promenades périgourdines, il a appris à observer les chevaux en même temps que la vie de la rue. Les motifs de la diligence ou de la voiture des Petites Sœurs des Pauvres, figurés par les silhouettes, comme découpées pour un théâtre d'ombres, lui ont fourni les modèles de ses premières expériences graphiques. Cet intérêt de Sem n'a jamais été démenti.
Le cheval, la voiture hippomobile, préfigurent la fascination qu'exerce sur lui
le mouvement. Le champ de courses, entre
le spectacle de la vitesse des cavaliers et celui des cercles mondains, seront un terrain d'étude privilégié.

A l'hippodrome, il croque le mouvement des silhouettes qui seront achevés à l'atelier.
Il emprunte beaucoupà l'observation du naturaliste : il s'agit de trouver l'expression juste pour caractériser un personnage ou
le galop d'un cheval à partir de l'étude du mouvement. Il saisit son modèle dans le mouvement. Willy disait de Sem qu'il déculotte les âmes, on pourrait lui rétorquer, qu'en revanche il a donné une âme aux chevaux, avec qui il a appris la décomposition du mouvement.

Tout-Paris sera représenté
dans un diorama en 1909, il confiera le dessin des chevaux à Roubille, mais on retrouvera dans les carnets de guerre un traitement égal des hommes et des chevaux malmenés par la misère des tranchées.

Si la parade militaire rappelle les
figurines de plomb enfantines ou l'univers du cirque que Sem a fréquenté, on est loin du divertissement avec les dessins qui témoignent de la condition humaine et animale en temps de guerre ; ils sont regardés et représentés du même trait emprunt de compassion.
spot Conception François San Millan et Martin Gouyou-Beauchamps>
Roubille
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